Serait-il pardonnable de laisser notre village sans mémoire ?
Siècle après siècle cette histoire s’est forgée par la présence des femmes et des hommes ayant habité ou traversé ce territoire. Notre devoir n’est-il pas d’entretenir la mémoire de ceux-ci ? Notre regrettée amie Marie LaÏlle l’a fait à plusieurs reprises. Mais notre association doit reprendre le flambeau pour populariser cette histoire bien au delà du village.
Lamanère est devenu paroisse indépendante en 1722, puis commune à part entière en 1726. Son histoire se confond avec celle de la France par le traité des Pyrénées et le renoncement aux institutions catalanes, à la révolte devant l’impôt institué sur le sel. Puis ce fut l’apparition de l’exploitation minière et l’ irruption de l’industrie dans un monde agricole. L’apparition de l’activité sandalière et l’audace du monde ouvrier dont les courageux représentants se syndiquèrent dès 1906 puis créèrent en 1921 la première coopérative ouvrière de production du Vallespir. Le drame de la Retirada où des milliers de réfugiés, républicains espagnols fuyant la barbarie franquiste, passèrent par notre village quittant ainsi leur patrie par un mois de février 1939 dans la rigueur d’un hiver exceptionnellement froid. Sans oublier cet esprit frondeur et débrouillard qui favorisa le commerce lucratif de la contrebande alors que la guerre venait de se terminer, l’Espagne manquait alors de biens d’équipement et la France de produits alimentaires. Enfin, le départ d’une jeunesse qui voulait vivre décemment et qui priva le village de ses forces vives.
Ce riche passé doit être sans cesse rappelé à nos mémoires, notre association Le Plaçot au Cœur y travaille. Mais toutes mémoires ont besoin d’un lieu pour exister, expliquer, exposer, se souvenir et débattre. Nous avons ce lieu, nous l’avons nommé » le Plaçot« . Une fois de plus nous faisons appel à tous et à toutes qui ont la volonté de voir revivre notre village. La raison doit l’emporter, ayons le courage de ceux qui ont fait notre Histoire