Le mot de la présidente

Qui l’eut cru ?
En août dernier, lors de la réunion publique annuelle organisée par la municipalité, a été lancée l’idée de restaurer Le Plaçot. Située au cœur du village, la vieille bâtisse fait, en effet, partie de notre mémoire collective. En 1939, plus de 4000 réfugiés espagnols fuyant le régime de Franco y ont séjourné lors de la Retirada. L’ancienne colonie des sœurs a également accueilli des centaines d’enfants défavorisés, venus du Nord de la France ou du Roussillon, qui ont découvert les joies des vacances dans notre petit coin catalan et s’en souviennent encore aujourd’hui. Pour ma part, je suis tombée sous le charme du Plaçot au début des années 1990, grâce à Aimée Charrasse, ma belle-mère, qui était très active dans l’association « Sauvegarde et Renouveau de Lamanère », portée par Marie Laïlle. À l’époque chaque séjour à Can Japic comprenait au moins un déjeuner au Plaçot qui s’étirait tard dans l’après-midi tout près de la rivière. Pour ma fille aînée, qui était alors toute petite, c’était tout simplement magique. En 1995, la famille de ma sœur a été hébergée au Plaçot. Et vingt- cinq ans plus tard, elle n’a pas oublié…
Qui l’eut cru ?
Après la réunion publique d’août dernier, des amoureux de Lamanère se sont mobilisés pour permettre au Plaçot de connaître une deuxième vie. Le constat était simple : si on ne faisait rien, la bâtisse allait tomber en ruines et il en coûterait au moins 200 000 euros à la commune pour l’éradiquer. Au-delà de ces considérations purement financières, nous voulions épauler la mairie, en jouant à fond notre rôle de citoyen(ne)s. Encouragés par
Michèle Rivasi, une députée européenne, qui a soutenu des démarches similaires en Rhône Alpes, nous avons créé l’association « Plaçot au cœur ». Notre but était de dessiner un projet d’avenir pour le bâtiment, tout en recherchant les financements indispensables à sa réalisation. Pour cela, nous a expliqué un vice-président de l’Occitanie, il fallait que notre association signe un bail emphytéotique avec la mairie, ce qui nous permettrait de constituer les dossiers pour décrocher les subventions – locales, départementales, régionales et européennes- tout en déchargeant nos élus de cet énorme travail. Cerise sur le gâteau : la commune n’aurait plus à payer les coûts afférant à l’entretien du Plaçot.
Qui l’eut cru ?
Le 31 octobre, notre association a organisé une réunion publique pour présenter ce projet.
Aucun représentant de la mairie n’était officiellement présent. C’est vraiment très étonnant : partout en France, des maires se réjouissent que les habitant(e)s s’investissent pour le développement de leur commune, et ils sont ravis de cette collaboration. À Lamanère, c’est tout le contraire… Face à ce désintérêt manifeste, certains d’entre nous ont alors décidé de créer une liste pour les prochaines élections municipales, car nous ne voulions pas que la belle dynamique en marche et le travail accompli (création d’un site internet, élaboration du projet, travail d’information) finissent aux oubliettes. Plus étonnant encore : nous découvrons aujourd’hui que l’idée de réhabiliter le Plaçot a finalement été reprise dans le programme électoral de la municipalité sortante. Mais pas un mot n’est dit sur l’association « Plaçot au cœur », comme si elle n’existait pas ! Pourtant, sans une association, qui a le pouvoir de lever des fonds propres auprès de ses adhérents, le projet mis en avant par ce programme ne pourra pas se réaliser. En aucun cas, en effet, la « commune pourra bénéficier de 90% de subventions », car les règles publiques sont claires : qu’elles que soient leurs origines, les aides ne peuvent couvrir que 80% des coûts… Est-ce une manière d’enterrer définitivement le Plaçot ? L’avenir nous le dira…
Marie-Monique Robin
Présidente de l’association « Le Plaçot au cœur »

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